Ma trajectoire cycliste s’est arrêtée en 2015, sur une petite route bretonne, à la hauteur de Fougères. Une voiture, conduite par une jolie pharmacienne, m’a coupé la route pendant le Paris-Brest-Paris.

Le bilan a été catastrophique, torse broyé (un excellent mécano de l’hôpital Thonon a côté de chez moi m’a reconstitué le côté gauche de la cage thoracique avec des barrettes en titane), l’épaule gauche détruite, mon coeur déjà pas en super forme, en PLS etc etc etc.. la liste serait longue.

J’en ai conçu une énorme frustration de ne pas avoir pu terminer, surtout que la préparation de PBP c’est un truc long et parfois éprouvant, en énergie comme en temps. 
De cette frustration est née l’envie de d’une sorte de revanche sur le sort.

J’ai pas mal roulé pendant les confinements, le côté interdit ajoutait un peu de saveur à des routes qui en avaient déjà plein, elles étaient quasi désertes


Le Paris-Brest-Paris a lieu tous les 4 ans, en 2019 je n’étais pas suffisamment rétabli, et en 2023, cette année, je n’étais pas du tout prêt.
C’est une épreuve qui nécessite au moins un an de préparation,  puisqu’il faut passer des brevets sur 200, 300, 400, et 600 km pour pouvoir s’engager.

Canyon Endurace BRM 600 Menigoute
Le Canyon dans ma chambre d’hôtel la veille du départ du 600 de Menigoute


À tout ça s’ajoute que refaire, dans les mêmes conditions, ce qui m’avait mis par terre une première fois, n’a pas un côté hyper enthousiasmant.

Avec l’arrivée de Pippo et du Bullit a commencé à germer une idée un peu folle, celle de faire le Paris-Brest Paris 2027 à deux avec le cargo.
C’est vraiment une idée folle pour plein de raisons, les deux principales étant mon âge et mon état physique d’un côté, et le niveau de mes performances actuelles de l’autre..

La première raison c’est qu’en 2027 j’aurai 67 ans et je ne sais pas du tout dans quel état je serai. Si ça se trouve je serai juste incapable de le faire.
Il est fort probable que cette simple raison d’âge va l’emporter, mais ce n’est pas, loin de là, un motif suffisant pour ne pas tenter le coup. Rien que le voyage est tentant, or je suis à un âge où les voyages (forcément tangibles) sont plus intéressants que les destinations (forcément incertaines).
Bref si en 2025 ou 2026 je fais le constat que c’est mort, que c’est très au-delà de ce qui me reste de capacités physiques, à minima je me serais bien amusé pour arriver jusque là, et là pour le coup je n’aurai ni regret ni frustration.

La deuxième raison c’est que pour faire un Paris-Brest-Paris il faut tenir une vitesse moyenne roulante de 15 à l’heure sur 1200 km. Pour l’instant, sur le dixième (120 km) j’en  suis à un peu moins de 18.
Ça veut dire que même si je le faisais d’une traite sans m’arrêter (ce qui est bien sûr inenvisageable), je serais limite dans les temps.
Conclusion, j’ai actuellement une moyenne très nettement insuffisante pour pouvoir me lancer dans l’aventure avec un minimum de marge. Même les BRM de qualification sont pour l’instant des choses compliquées, puisque ils commencent à 200 km, or le plus long que j’ai fait avec le Bullitt et Pippo c’est 120 km.
Histoire d’enfoncer le clou, un BRM 200 se fait en moins de 13h30 (arrêts compris donc) or j’ai fait le 120  en 9h (arrêts compris, 7h de route), ce qui veut dire que j’étais de toute façon très en retard sur un 200.
À ça s’ajoute la question de la distance. Emmener un camion de plus d’une quarantaine de kilos a cette allure et sur une distance pareille, ça demande une énergie très conséquente, avec ce que ça implique d’hydratation et de bouffe embarquées (lesquelles rajoutent du poids .. un vrai cercle vicieux). Il faut que je revérifie ce chiffre mais sur le 120 km pour aller à Melun j’ai consommé 5l de liquide aux 100km…

S’il s’avère que les BRM et à fortiori le PBP sont hors de ma portée, j’ai un autre projet en tête, faire les véloroutes avec Pipo et le cargo. Il s’agit de voyages sur plusieurs jours au travers la France, ça aussi ça peut être sympa.

Dans tous les cas pour être prêt il faut que je roule, beaucoup.
Rouler seul c’est cool, j’aime bien ça, mais il y a un moyen encore plus cool, ce sont les rallyes organisés par les clubs de la FFCT ( fédération Française de Cyclo Tourisme). Ces rallyes c’est un peu comme une compétition.. sauf que c’est sans compétition. On a donc l’organisation sans la pression, j’en ai beaucoup fait avec mon club, c’est vraiment sympa.

En résumé, appliquant la vieille maxime “ramper avant de marcher, marcher avant de courir” je vais (re)commencer par les rallyes FFCT que je faisais régulièrement en club autrefois.
Le premier sera le Grand V 2023 organisé par l’USM Villeparisis. Je vais m’engager sur le plus petit circuit route (il y a aussi du VTT) qui fait seulement 55 km.


Cela va me sécuriser, et me permettre d’avoir une vague idée d’où je me situe, en terme de vitesse, par rapport aux autres.
Bien entendu je serai infiniment plus lent (le Bullitt en configuration de route avec Pippo doit peser à la louche 4 fois plus qu’un vélo de route normal, (25kg d vélo + 11 de Pippo + tout le matos pour qu’il soit bien installé etc.. on doit très largement dépasser la quarantaine), mais dans quelle mesure,  je ne m’en rends pas compte.

Avantage annexe, 55 km je peux les faire en bourrinant un peu, je commence à avoir un tout petit peu de recul sur mes capacités avec le Bullitt chargé, et ces 55km sont dans mes cordes.

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