Préambule

Il y a fort longtemps, très exactement le 22 avril 2007, j’avais publié ce qui suit sous le titre « Histoire de cul et de bite« .
(un titre aussi putassier que pertinent qui avait valu à mon texte un certain succès au fil des années).

Lors de ma dernière sortie de 66 Km dimanche dernier , je suis rentré avec une sorte d’insensibilité de la bistouquette, associée à une sensation un rien étrange. Le tout a duré jusqu’au mardi suivant. Grosse frayeur, le sexe et le vélo seraient incompatibles ?
Dimanche soir, je me précipite sur l’excellent forum Vélo 101 pour voir s’il y a une explication à ce phénomène désarçonnant et je découvre un tas de trucs effrayants. En fait la solution serait les selles évidées du fabricant italien Selle SMP.
Dimanche soir, après une lecture attentive du site Web de SMP, lecture qui me conforte je me précipite pour commander en ligne aux Ets Dutouron une selle SMP Glider (la seule qu’ils aient au catalogue).
Premier constat, les susnommés Ets Dutouron ont été assez véloces car, après avoir cliqué sur « envoi », j’ai lu les infos générales sur la livraison etc.. (je sais, c’est mal, j’aurais dû le faire avant) et horreur, je lis qu’il faut compter une douzaine de jours de délai. Je ne m’étais pas posé la question, j’avais acquis mes pédales, chaussures et quelques bricoles chez Bike24 qui envoie la livraison limite avant qu’on ait eu le temps de remplir le bon de commande.
Coup de fil donc chez le vendeur, dame adorable qui me dit qu’elle va voir c’qu’elle peu faire, merci madame (dis-je en pesant « c’est foutu ») et oh miracle, elle a tenu parole, la selle est arrivée samedi matin.

Première surprise, alors que d’après les photos, je m’attendais à une selle énorme, en pratique, elle est presque plus fine que ma vieille San Marco Race Gel.
En revanche, en ouvrant la boîte j’ai pensé à l’excellent titre d’un papier du magazine CycloSport de ce mois, papier qui utilise en titre une question remarquable « pourquoi les vélos sont-ils si chers ?… ».. dommage que le susnommé magazine n’ait pas jugé bon de répondre à cette question pourtant intéressante (si c’est ce papier qui vous intéresse, gardez vos sous, c’est un attrape couillon).

Bref en attrapant la selle, je me dis que je suis clairement un débutant en vélo parce que suis encore stupéfait que ce vil bout de plastique vaille 200 euros. Je sais bien que dans le vélo (enfin disons que je suis en train de l’apprendre) il est normal que tout vaille le prix de trois fois son poids en or, mais j’avoue que j’ai du mal à m’y faire. Les Ets Dutouron la vendent 130 euros, ce qui est une super affaire (puisque tous les autres la vendent 200), mais dans l’absolu un tarif encore astronomique que vraiment rien en justifie. M’est avis que dans les comptes des Ets SMP à la rubrique « on marge comme des gorets », les chiffres doivent être bien gras.

Mais bon, mon auguste postérieur vaut bien une entorse à la Visa et donc je monte ladite selle sur mon vieux biclou.
Samedi sortie de 32 Km pour voir… nickel
Dimanche, je refais le circuit de 66 Km qui, dimanche dernier m’avait laissé la plomberie dans un état de somnolence effrayant (dont elle est sortie que le mardi suivant.. de quoi flipper comme un malade)… rien, que dalle.. nada. A priori tout marche.
Non seulement ça n’anesthésie pas la bite, mais en plus côté confort global c’est plutôt bien (en tout cas mieux que ma vieille San Marco).
Le seul problème que j’ai est mécanique, je n’arrive pas à bloquer la selle qui en cours de sortie glisse vers l’arrière même en forçant comme une brute épaisse sur la clé Allen.

À suivre….

Pour le reste, j’ai fait la même boucle que dimanche dernier, mais plus facilement, un poil plus vite et en ayant fait une sortie de 32 Km la veille. Tout va bien donc.

Mise à jour octobre 2013 : Plus de 6 ans et des dizaines de milliers de kilomètres plus tard, mon avis sur la SMP Glider est toujours le même : plus aucun problème de plomberie, confort impeccable sur des distances de plus de 100 bornes, vieillissement plutôt correct (ce qui module mon jugement sur le tarif, c’est cher certes mais de très bonne qualité), et entre temps j’ai changé de vélo (et donc de tige de selle) et je n’ai plus de problème avec la fixation. Bref, je la garde, et si elle trépasse, je reprendrai la même.

Revenons à nos moutons

Ce texte de 2007 (plus de 15 ans..) explique pourquoi et comment j’ai atterri chez SMP , marque à la quelle j’ai toujours été fidèle depuis, à une exception, sur mon single Statebicycle il y a une Brooks B17 et j’aime bien cette selle, elle est faite à mes formes maintenant et franchement agréable.

SMP n’est pas une marque récente, la boite a été fondée en 1947 à Padoue (Padua) en Italie, pas super loin de Venise, par Martino Schiavon, un italien qui cherchait a monter un truc pour gagner sa croute, dans l’Italie d’après guerre, qui était en assez piteux état. Il a donc monté une petite boite de fabrication de selles, un domaine dans lequel il avait acquis un peu d’expérience avant la guerre.

Il appelle sa boite SMP pour Schiavon Martino Padoua. Au départ, Schiavon fabrique des selles en cuir, rivetées sur une structure en acier. Au fil du temps, il adopte des matériaux nouveaux et des méthodes nouvelles au fur et à mesure qu’ils apparaissent.

Lorsque ce bon Martino se retire, ses deux fils Maurizio et Franco, prennent la suite. Petit à petit SMP devient un gros sous-traitant de la selle standard pas chère, avec 75% de la production exportée dans 50 pays, et une production de 5 million de selles par an. Il est fort probable qu’un jour ou l’autre, sans le savoir, tu as posé ton cul sur une selle sortant en fait de chez SMP, mais affublée d’une autre marque.
Bon, y a pas trop de suspens, ce ne sont pas ces selles tout à fait quelconques, plutôt bas de gamme, qui ont fait la renommée de la marque.

Martino passe l’arme à gauche en 2006 (à 94 ans quand même, ce qui me laisse un peu d’espoir) et peut. temps avant, ses fils lancent la ligne 4Bike, mise aux point avec moult scientifiques. La ligne 4bike ce sont des selles avec non plus un vague dégagement central, mais avec un design complètement revu.
La selle est séparée en deux parties latérales qui dégagent complètement le canal central, et elle a une forme en bec d’oiseau assez reconnaissable (regarde les photos de ma Glider en haut de ce texte).
La VT30C que j’utilise sur le Bullitt, et sa grande soeur en cuir, la F30 sont plates ce qui est exceptionnel pour une selle SMP.

Le succès est immédiat, SMP dépose son concept très novateur (4 brevets en tout). En septembre 2005, le “Journal of Sexual Medicine” (a priori une bible de l’urologie) publie une étude démontrant l’amélioration du flux sanguin génital avec les SMP 4Bike, en 2006 et 2008, SMP remporte deux Eurobike Design Awards.
En 2020, le magazine Science & Sports publie un article qui encense les selles SMP , cette fois lorsqu’elle sont utilisées par des femmes, la conclusion de l’article:
Les selles traditionnelles ont de forts effets négatifs sur la perfusion vasculaire de la vulve, avec des conséquences potentielles sur les fonctions sexuelles féminines. La selle SMP réduit la compression du plancher pelvien et peut aider à réduire l’incidence de pathologies urogénitales des femmes cyclistes.

Sinon pour le côté fabrication, les selles SMP sont toujours intégralement conçues et fabriquées en Italie. La gamme est asez large, on peut se perdre un poil dans les modèles.
En fait ces modèles varient par leur largeur (ma VT30 est plus large qu’une VT20) leur longueur (ma VT30C est un poil plus courte qu’une VT30) et leur finition (ma VT30C a un revêtement synthétique, si j’avais des sous j’aurais utilisé une F30C qui est la même mais avec un revêtement en cuir).
Autre élément différenciant, le rembourrage (de plus en plus fin au fur et à mesure qu’on monte en gamme) participe à la segmentation de la gamme, certains modèles haut de gamme destinés à des masochistes sont complètement en carbone (sans rembourrage du tout donc).

Avec SMP la notion de confort est relative, en revanche la protection de la tuyauterie est parfaite.
En fait il faut relativiser, il existe des gammes Trekking et E-Bike qui sont plus rembourrées, ce qui suit s’applique surtout aux gammes sportives que j’utilise.
Le confort des selles SMP est très spécial parce qu’on est pas assis sur la totalité du cul, mais sur les ichions, de façon à ce que l’entre-jambe soit exempt de toute pression. En clair on est assis sur l’os de la fesse (ok ok.. je sais mais l’explication n’est pas si mauvaise). Bref du coup SMP on aime ou on déteste, moi ça me va parfaitement. Au début c’est bizarre, et puis comme avec une Brooks (pour des raisons qui bien évidement n’ont rien à voir) au fil des kilomètres le cul se fait à cet appui un peu inhabituel, et ça devient très bien avec la sécurité d’avoir une plomberie à l’abri.

La selle d’origine du Bullit, estampillée fièrement Larrry vs Harry Copenhagen et étiquetée Velo a l’intérieur (un faiseur chinois ?) est une catastrophe pour les gens sensibles de l’entre-jambe (or tu l’as compris.. c’est mon cas).

La compression de la bijouterie est maximale, je m’en suis rendu compte au bout de 5 km lors de ma première sortie un peu longue.

Pour remplacer cette selle, j’avais plusieurs options.
Enlever la B17 du State (et comme je ne me sers plus guère du State, intervertir les deux selles), ou bien récupérer la SMP Glider du Canyon.
Le souci c’est que autant la B17 est royale en milieu urbain/péri-urbain, autant j’ignore si elle m’irait sur des distances longues. Donc je laisse la B17 sur le State.
D’autre part la SMP Glider est formidable, mais c’est vraiment une selle faite pour être utilisée avec un cuissard, sans cuissard, elle est trop dure (le rembourrage est vraiment hyper minimal), or j’utilise le Bullitt aussi en ville, en jeans, pour faire des courses, ou emmener Pippo au Parc où il va faire le con avec ses potes.
J’ai donc acheté sur Leboncoin, une selle SMP VT30C quasi neuve.

La VT30C est un bon compromis, elle est plutôt sportive mais moins radicale que la Glider, disons qu’elle est légèrement plus rembourrée et du coup utilisable sans cuissard. Par ailleurs elle est assez plate, elle n’a pas la forme courbe en bec d’oiseau typique des selles SMP, ce qui est bien parce qu’e ‘avec le Bullitt je change peu de position.
Elle est fabriquée comme toutes les selles SMP, en Italie, par des pizzaïolos lubrifiés au chianti, et pas par des petits enfants Ouïgours.
Son revêtement est synthétique (contre un revêtement cuir sur la Glider), du coup elle est moins chère, mais moins bien, le revêtement glisse moins, il est donc moins facile de changer de position (sur ce plan, la B17 est une merveille), mais elle risque de mieux résister aux intempéries (pluie..).
Bref, pour le Bullitt elle est parfaite.

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