À la réception de mon Bullitt je suis resté assez dubitatif, critique, sur plein de points. Venant de décennies de vélo de route, j’ai eu un peu du mal à me à me faire à l’engin au départ
1000 km plus loin, cette impression initiale mitigée a fait une culbute dans l’autre sens : ce vélo est absolument génial.
Une fois quelques bricoles, au fond assez classiques, rectifiées (lui mettre une vraie selle et des poignées Ergon surtout, et lorsque j’aurais des sous, un cintre route/gravel) le bilan me paraît aujourd’hui évident : on peut faire avec un Bullitt tout ce qu’on fait avec un vélo classique (moins vite certes) à l’exception d’une chose c’est le mettre dans l’ascenseur pour le monter à la maison, ou bien dans un train (mais, fort heureusement, il rentre dans ma voiture).
La sensation de flou initial de la direction, on s’y adapte très bien, il faut du temps, mais je ne suis pas remonté sur un vélo classique, j’en suis à me dire que ça me ferait bizarre 🙂
Ça c’est fait lentement mais j’arrive exactement à la même précision qu’avec un vélo normal.
La géométrie est remarquable pour un vélo taille unique (je mesure 1m85), le centre de gravité très bas donne une sensation radicalement différente de celle d’un vélo classique très chargé, l’impression est un peu paradoxale, il faut pousser plus fort, développer plus d’énergie… mais on ne sent pas le poids. La garde au sol ne pose pas de souci (j’avais quelques craintes avec la tringle de direction).
La zone de chargement est particulièrement bien pensée (normal pour un cargo, quoique..). Tout d’abord ily a des trous partout pour fixer ce que l’on veut. Ensuite les barres transversales qui constituent le fond, sont légèrement plus basses que les bords du cadre. La conséquence par exemple est que la boite dans laquelle se trouve Pippo n’est pas fixée, elle est simplement posée sur ces barres, avec des chambres a air tendues sur les cotés pour amortir d’éventuels chocs. Même s’il se dresse sur un des bords de la boite la stabilité est parfaite, il n’y a pas de risque de basculement.
Contrairement à ce que j’ai pu lire parfois et qui m’inquiétait un brin, le Bullitt, quoiqu’en alu, est extrêmement confortable. La très basse pression doit y être pour quelque chose, (je roulais des Michelin Pro4 Endurance à 7,5 bars et des Schwalbe Durano Plus à plus de 8 )
Les pneus d’origine (des Marathons) ont d’ailleurs quelques qualités.
C’est vrai que sous la pluie, ils sont plutôt dans le clan des savonnettes, sauf que je faisais déjà pas le kéké sous la pluie avec mes vélos de route, j’ai aucune intention de le faire avec le Bullit. En revanche, ils tiennent remarquablement bien la route sur le sec y compris lorsque ça va vite (j’ai pris assez fréquemment des descentes à 45 voir un poil plus ça bouge pas même dans les virages) et ils s’accommodent très très bien des chemins de campagne.
Sur ce plan le Bullitt est tout à fait étonnant, c’est pas un VTT (avec le poids qu’il fait il y a des tonnes de trucs effectivement où il faut y aller mollo) mais franchement il a des capacités de roulage sur des sentiers qui sont tout à fait surprenantes, et lors de mes balades morbohanaises je suis passé avec lui dans les endroits où j’aurais hésité à passer avec mes vélos de route.
Par ailleurs la stabilité de l’engin est étonnante, ça doit être lié à sa longueur, côté tenue de route, il donne plutôt dans l’exemplaire.
Les freins TRP dont les plaquettes sont vraiment épouvantables sur un plan sonore (il faut que je commande les suivantes qui seront fort probablement des Swisstop dont on me dit le plus grand bien) fonctionnent plutôt très bien si on a les oreilles peu sensibles. Ils ne sont pas brutaux, progressifs et très sécurisants (il ne me reste plus qu’à me mettre à jour sur le fonctionnement d’un frein à disque hydraulique côté maintenance, mes connaissances se sont arrêtées aux patins à câble 🙂 )
La transmission Deore 2 x 10, dont j’ai pensé pis que pendre au départ ( parce que c’est vrai que les rapports qu’elle propose, par rapport à un groupe de route ça fait un peu miséreux), colle parfaitement au poids et aux capacités du Bullitt et si la vitesse max n’est pas démente, avec elle sur des longues distances, le Bullitt tient un 17/ 18 quel que soit le profil du parcours, ce qui vu le poids et le gabarit (j’en suis à 45 kg en configuration route) est franchement plutôt bien. Même le ridicule petit plateau de 26, qui n’est certes pas très glorieux, permet de sauver des coups (ce qui m’est arrivé pas plus tard que dimanche dernier dans le Val d’Oise).