Une amie en voyant une publication Instagram, me fait la remarque “bravo, surtout en cargo”, cette remarque fait écho aux discussions que j’ai en fin de rallye où les cyclos sont généralement très impressionnés par le poids et le gabarit de l’engin au regard du circuit que je viens de faire avec eux.
Ça m’inspire la chose suivante, qui s’applique au Bullitt et probablement à quelques autres vélos cargo légers (bien entendu ça ne s’applique pas aux voitures électriques à deux roues). Cette reflexion s’inscrit dans le cadre d’un projet pour 2024, le printemps 2024 plus exactement, au vu de la façon dont se déroulent les rallyes FFCT sur cette fin d’année : faire un BRM200, probablement celui de l’ACP le 9 Mars.
C’est vraiment un projet parce que c’est subordonné à plein de facteurs, notamment mon état de santé.
Lorsque l’on fait de la distance, il y a pas mal de choses qui diffèrent entre un vélo cargo et un vélo tout court, elles tiennent principalement à la vitesse et à l’alimentation, les deux, paradoxalement, étant liées.
Un vélo de route ça roule entre mettons 15 km/h si on fait du tourisme et 35/40 km/h voire plus si on commence à envoyer le pâté. Cela veut dire que la fourchette des vitesses de déplacement est assez large et qu’on peut réellement ajuster le temps de parcours en jouant sur cette vitesse.
Un cargo chargé, c’est très différent. Mon Bullitt en configuration route avec Pippo à l’intérieur pèse 45 kg et il roule à une moyenne qui en gros tourne aux alentour de 16 à 18 km/h. Cela implique que la marge d’ajustement en jouant sur la vitesse est très faible.
Cette faiblesse est amplifiée par le comportement d’un cargo dans les bosses.
Avec un vélo classique on peut ne pas perdre énormément de temps sur un parcours avec du dénivelé pour peu qu’on soit en forme, que tout aille bien. L’écart entre la vitesse sur le plat et la vitesse dans des bosses raisonnables n’est pas forcément abyssale.
Avec un cargo, elle l’est.
La vitesse maximale est déjà pas super élevée (sur du plat ou du faux plat léger je tourne aux alentours de 25 km/h) mais elle s’écroule littéralement dès que ça monte vraiment.
J’ai monté plein de côtes un peu longues à 10 km/h voire moins, ça a naturellement un impact majeur sur la moyenne et donc sur le temps de roulage et sur l’heure d’arrivée, ce qui implique d’avoir une mini stratégie lorsqu’on fait des épreuves en temps imparti.
C’est la raison pour laquelle il m’est arrivé fréquemment d’opter pour la plus faible des distances supérieures pour les rallyes auxquels on participe. S’il y a par exemple 80 et 100 je prends plutôt le 80 pour être sûr de pouvoir finir dans les temps. Avec un vélo classique, si on est un peu court, on peut accélérer beaucoup le la cadence, avec le cargo c’est pratiquement impossible de regagner le temps perdu.
Cette performance extrêmement basse dans les côtes, est liée au poids pour la propulsion du vélo et à son aérodynamique pour le moins catastrophique.
Concernant le poids, le Bullitt chargé ne donne pas du tout la sensation d’un vélo classique chargé, on a absolument pas de sensation de poids, on a en revanche la sensation qu’il faut pousser plus fort, développer énormément plus d’énergie pour faire avancer le vélo. La sensation est très différente de celle d’un vélo classique qui serait chargé raz la gueule
Avec un vélo classique lorsque la route fait des vagues (ce qui est très fréquent) on peut foncer dans les descentes et ainsi gagner une grosse partie de la remontée de l’autre côté.
J’étais devenu un expert de la chose lorsque je faisais les brevets en single speed (avec un Surly Steamroller). Avec un peu d’habitude, si on anticipe bien et qu’on “sent” bien la route, en envoyant dans la descente, il est très souvent possible de n’avoir besoin que d’ajouter un petit coup de cul sur la remontée de l’autre côté et ça passe sur l’élan.
Avec le Bullitt chargé, on descend relativement vite (45 / 50 km/h), il est remarquablement stable à ces vitesses, mais pas énormément plus, c’est à dire qu’alors que son poids devrait l’avantager en comparaison d’un vélo classique, il reste plus lent, fort probablement parce que son aérodynamique d’armoire normande le freine pas mal.
L’autre phénomène c’est que l’élan ne fonctionne pas du tout avec le Bullitt qui est littéralement tiré en arrière par son poids. Au mieux l’élan permet de gagner quelques mètres, parfois une dizaine, mais guère plus, ensuite il faut reprendre la montée à la pédale.
Tout l’ensemble concours à maintenir un moyenne assez basse sur laquelle je n’ai pas énormément de leviers. En clair, ça implique donc d’avoir une vraie stratégie de roulage sur les longues distances pour éviter de se laisser surprendre.