Ça fait un moment que je regardais ces vélos un peu bizarres, les “vélos cargo”, d’autant que deux fois par semaine je traverse Paris pour aller à Mairie d’Ivry avec une basse qui pèse un âne mort dans le dos ce qui devient devient compliqué.
Donc ça fait un moment que je réfléchissais à une solution vélo qui me permettrait d’emmener des choses un peu lourdes, et puis Pippo est arrivé dans ma vie.
Au départ je le transportais dans un sac à dos. Lorsqu’il est arrivé il était tout petit et pesait 5kgs.
Et puis ce salopard s’est dilaté, il est toujours petit mais il pèse une grosse dizaine de kilos, et au-delà d’une quinzaine de kilomètres, sur le dos ça devient un peu lourd, sans parler du problème d’équilibre avec du poids situé aussi haut, et du risque, pour lui comme pour moi, en cas de gamelle.
L’idée d’un vélo qui me permettrait d’emporter des choses lourdes est revenue sur le devant de mes préoccupations.
Initialement les seuls que je connaissais c’était les Bakfiets hollandais, on peut en trouver à des prix raisonnables d’occase.
Ce sont des camions lourds, qui ne vont ni vite, ni loin, mais qui permettent en ville de trimballer des gamins. Donc là pour trimballer un chien et des basses ça aurait pu faire l’affaire, mais il leur manquait clairement le côté voyage, le fun, l’aventure un peu sportive etc. Ce sont des gros camions sérieux, pas du tout ce que je voulais.
L’intérêt pour un vélo cargo plus petit et plus léger que les énormes Bakfiest m’est venu un jour en allant à la gym. Garé sur un trottoir il y avait un Bullitt équipé pour transporter un chien…
Bon l’engin était électrique, ce que je ne voulais sous aucun prétexte (je suis très vieux , mais pas assez vieux pour ne pas pouvoir bouger mon cul à la seule force de mes jambes) mais globalement cet attelage correspondait pas mal à ce que j’avais en tête.
En me documentant je suis tombé sur quelques vélos qui avait le profil du poste.
En fait il y en a relativement peu, puisque maintenant les vélos cargo sont électriques, en clair ce sont des voitures à deux roues (c’est pas allusif, Douze est distribué aussi par.. Toyota), ils sont énormes, très lourds, très très chers, d’un entretien pas évident, et avec une autonomie structurellement limitée.
Il y a quelques marques qui font des vélos cargos, (de vrais vélos et pas des bidules à assistance électrique en version cargo), et il y a deux approches.
La première est dite « Long-John » du nom du premier vélo de ce genre (que chez nous on appelle un biporteur).
Le concept de Long-John a été inventé par un mécanicien danois, Morten Rasmussen Mortensen en 1929. Ces vélos on été fabriqués par plusieurs ateliers, le principal, celui qui a vraiment popularisé le concept, est une boite d’Odense (au Danemark) qui fabriquait des vélos depuis 1905, SCO (Smith & Co Odense).
Si l’historique des cargos vous intéresse, il y a des trucs sur le long-john ici.
L’idée du Long-John est simple, la roue avant est éloignée vers l’avant (du coup le vélo est assez long) et la zone de chargement est placée dans l’espace dégagé, entre la colonne de direction et la roue avant. La commande de direction n’est plus directe comme sur un vélo normal, elle passe par des tringles ou des câbles qui actionnent cette roue avant. L’avantage c’est que le chargement est très bas, avec donc un centre de gravité bas, ce qui est bien cool.
Dans cette catégorie on trouve :
– Larry vs Harry une boite danoise de Copenhague qui fabrique le Bullitt ( qui fait fabriquer plus exactement le Bullitt à Taiwan).
– Douze, une marque française qui a un modèle qui s’appelle V2 ( je sais pas s’ils le font toujours en version mécanique);
– Des estoniens qui fabriquent en Estonie (donc en Europe) les vélos Hagen. Les Hagen sont en gros des Bullitt en acier (le Bullitt est en alu).
– BobbieCargo une boite française qui soude des simili-Bullitt simplifiés à Roubaix dans le nord (ils ont aussi un simili-Omnium)
A côté des « Long-John » il existe d’autres concepts de cargo, par exemple :
– Omnium, (danois) super vélo, adulé par les coursiers, mais qui a une géométrie qui ne me convient pas, le chargement est situé en hauteur sur la roue avant.
– Ten07 (hollandais) une relecture de l’Omnium avec un plateau avant démontable pour faciliter le rangement.
– Ginkgo (suédois) dont les possibilités d’emport sont conceptuellement limitées puisque la partie cargo est située à l’intérieur du cadre, donc côté chargement en hauteur.. par exemple, impossible d’emporter une basse avec un Ginkgo.
A tout ça, il faut ajouter la longue cohorte des long-tails, des vélos rallongés, qui font fureur à la sortie des écoles
..même Decathlon en a un à son catalogue, mais ils ne correspondent pas du tout à mon besoin, d’autant qu’ils sont presque tous à moteur électrique.
En longtail pas électrique, il y a le Yuba Kombi, en acier bas de gamme, qui est surtout là pour faire du prix d’appel (d’ailleurs à lire les forums, dès qu’ils l’ont acheté, les clients du Kombi n’ont qu’une chose en tête, comment lui faire adapter un moteur électrique ?), et à l’autre bout de l’échelle, le Surly Big Dummy, en vrai acier Cromo fabriqué à la Surly (c’est à dire bien, ce qu’il fait qu’il coûte un oeil + un rein, certains clients ont même dû vendre un enfant).. mais à ce que j’ai compris, ils veulent l’arrêter.
J’étais allé voir les Hagen Lors d’un salon sur le vélo au parc floral, c’est initialement le vélo qui m’a fait le plus craquer.
Le concept super low-tech est bien et les mecs qui le font sont super. C’est une petite bande de hipsters estoniens qui viennent du BMX et font des cargos qui se veulent fun (sur leur site il y a une vidéo ou ils font un backflip avec un de leurs cargo).
Après avoir beaucoup hésité et presque commandé un Hagen, j’ai changé d’avis et je suis revenu au Bullitt.
Pourquoi ?
Parce qu’il bénéficie d’une énorme communauté ( c’est un peu l’historique de cette catégorie des cargos légers à tendance sportive) et donc il est très très facile de se renseigner, d’obtenir des tuyaux dessus.
J’avais un peu peur d’être moins à l’aise avec un Douze ou un Hagen si j’avais besoin de bricoler quelque chose
Acheter un Bullitt à Paris c’est une expérience un peu spéciale, ils sont vendus par une boîte de coursiers, une vraie boîte de vrais coursiers, qui s’appelle Urban Cycle.
On est donc pas du tout dans un contexte de magasin classique avec un vendeur qui vous fait un numéro de claquettes.
Le préposé aux ventes, Patrick est un type super en fait, la procédure d’achat s’est très très bien passée.
Le premier contact est un peu bizarre, mais ensuite nous avons communiqué régulièrement par mail et ça s’est passé vraiment très bien.
En fait la seule difficulté a été le choix de la couleur, jai changé d’avis plusieurs fois (choisir une couleur de vélo ce n’est pas une chose qui m’est naturel, à vrai dire je m’en fous un peu de la couleur, j’ai toujours ou presque eu des vélos noirs), après avoir pas mal changé d’avis (Patrick a été très patient) j’ai fini par opter pour la couleur Lizard King, c’est à dire kaki.